Critique de film - Loups-Garous

Lourds-Garous

Par curiosité un peu morbide, j'ai vu Loups-Garous, film Netflix réalisé par François Uzan (surtout connu pour la série Lupin) et adaptation officielle du jeu Loups-Garous de Thiercelieux. Oui, le concept est un peu bizarre mais je dois avouer que voir Franck Dubosc et Jean Reno dans ce film a questionné le nanardeur qui sommeille en moi. Je me suis donc lancé bon an mal an dans ce visionnage, espérant une pépite honteuse mais j'ai finalement trouvé un film d'aventure passable.

Alors oui, le scénario n'est pas très finaud, on est face à un croisement entre Jumanji et Loups-Garous de Thiercelieux. Une famille banale (un papa, une maman, une fille, un garçon et le grand-père) se retrouve emportée dans le monde de Loups-Garous et doit, bien sûr, trouver le moyen d'en sortir. Le jeu d'acteur est comme trop souvent desservi par des dialogues d'une platitude invraisemblable. Il n'y a aucune alchimie entre les comédien⋅nes et on ne croit pas un seul instant à la famille qui nous est présenté. Chaque réplique sonne tragiquement faux, les ados s'expriment comme des adultes et les adultes comme des poupées de cire. Mais bon, on n'est pas là pour un drame familial, on est là pour une petite comédie d'action à se mater au coin du feu. Pas de bol, l'humour est assez faiblard, reposant surtout sur l'incongruité pour une famille moderne de se retrouver au Moyen-Âge, ressortant ainsi des gags et des situations vus et revus des centaines de fois. Mince.

En dépit de ces défauts, le film reste mignonnet. Le scénario est un peu couillon par moments mais bien moins que ce qu'il aurait pu être. Dubosc, sans être d'une grande subtilité, parvient à peu près à se réfréner dans le cabotinage 1, Suzanne Clément parvient à rendre sincère des discours féministes franchement fades et Jean Reno est touchant en vieux papi pétri de bons sentiments. Les jeunes comédien⋅nes qui incarnent les ados s'en sortent même plutôt bien, le scénario ayant la bonne idée de les placer au centre de l'intrigue avec quelques bonnes idées thématiques (l'influenceuse se retrouve condamnée à être invisible, tandis que le jeune ado qui cherche sa voie a le pouvoir de voler l'identité des autres). Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, ces bonnes idées sont sous-exploitées mais elles ont le mérite d'exister dans un film qui aurait pu être franchement plus con. Dans l'ensemble, il n'y a rien de révolutionnaire et Loups-Garous n'échappe pas à quelques gags crasses, voire carrément homophobes à chacune des apparitions du personnage de Piero.

Et puis techniquement, ce n'est pas si pire. Il y a quelques idées de mise en scène (pas forcément réussies mais au moins le film tente des choses), des effets spéciaux assez parcimonieux (à part à la fin où c'est le festival à la saucisse) et les décors et les costumes sont d'étonnamment bonne facture pour une production Netflix. Il y a du budget, la photo est propre, le montage est fluide, on est loin de la catastrophe que j'imaginais.

Alors voilà, je n'ai pas honte de le dire : si je l'avais vu étant gosse, j'aurais bien aimé ce film. Le thème est familial et même s'il y a bien sûr des libertés prises par rapport au jeu, je trouve que c'est une adaptation correcte de Loups-Garous et tout à fait compréhensible, que l'on ait joué au jeu de société ou non. Au fond, je suis un peu déçu du film, parce que je m'attendais à un bon gros navet et j'ai en réalité vu « juste » un film moyen. Dubosc m'avait habitué à mieux ! Ou pire, je sais plus.


  1. à l'exception d'une scène qui m'a donné envie d'envoyer la télécommande dans la télé, vous saurez si vous regardez le film. 

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