Dans ma longue carrière de nanardeur, j'ai vu des films mauvais. Un certain nombre même. Souvent de mon plein gré. Et, au bout du compte, j'ai regretté très peu de films que j'ai vu.
Il faut qu'on parle de House of the Dead.
On va évacuer rapidement le préambule : House of the Dead est une adaptation du jeu d'arcade éponyme, sortie en 2003 et réalisée par cet effroyable tâcheron d'Uwe Boll. Si vous avez déjà vu un de ses films, vous frissonnez peut-être un peu et vous avez bien raison Parce que non seulement ce film est nul, mais en plus il est énervant. Je vais essayer de structurer un peu mes pensées parce qu'il y a beaucoup de choses à en dire. Vous pouvez regarder l'épisode 5 de Crossed dans lequel Karim Debbache vous parle du film et de son horrible réalisateur allemand en attendant.
OK, c'est bon. Commençons par le casting. Uwe Boll, cet escroc, a toujours été particulièrement débrouillard pour financer ses films, surfant à la fois sur des financements publics allemands et la mode des adaptations de films de jeux vidéo au début des années 2000. Donc le budget n'est pas énorme mais il est loin d'être riquiqui, on parle de la bagatelle de 12 millions de dollars. N'empêche que le film fait appel à la troisième division hollywoodienne en piochant allègrement dans des seconds rôles de films d'horreur pas particulièrement mémorables, du style Destination Finale 2 et Halloween 4. Oui, quand on va chercher les seconds rôles des suites de licences pas terribles, moi j'appelle ça faire les fonds de tiroir des têtes vaguement connues, juste assez pour que le public se dise « ah mais attends il joue dans quoi lui ? ». On a quand même le droit à Jürgen Prochnow (Leto Atreides dans le Dune de 194, oui oui), mais dans l'ensemble, on est sur des jeunes comédien⋅nes avec peu d'expérience qui auraient bien besoin d'un metteur en scène compétent pour les diriger. Sauf que Boll n'est rien de tout ça. Donc voilà, on se tape un bataillon de jeunes beaux et sexys mais inconnus qui débarquent pour une fête mystérieuse sur la Isla de la Muerte. L'île de la mort (en espagnol). Voilà, va y avoir des zombies. Et un peu de baston à un moment, parce que dans House of the Dead (le jeu), on passe surtout son temps à flinguer des zombies. Mais on n'est pas dans le jeu, on est dans le film.
Et Boll c'est le spécialistes des adaptations de jeux vidéo en film, sachant que ce cher Uwe méprise ouvertement le médium (qu'il considère comme étant un loisir pour jeunes qui aiment la violence, les flingues et les nanas sexys). Il a porté à l'écran parmi les pires adaptations de jeu : Alone in the Dark, Postal, Far Cry, BloodRayne 1 et donc House of the Dead 2. Même si Boll prétend depuis quelques années qu'il aimait bien les jeux vidéo et qu'il se retrouvait « piégé » par les studios à devoir réaliser un film avec un budget bien plus faible que prévu, il ne faut pas oublier que Uwe est un fieffé menteur, expert en extorsion de financements publics auprès des autorités allemandes. D'ailleurs, les films originaux de Boll, sur lesquels il a donc eu un contrôle créatif total, sont de qualité tout aussi douteuses que ses adaptations. Parce que la réalité des choses, c'est que Uwe Boll n'est pas un bon réalisateur. Et c'est un bel euphémisme.
Alors tout de même, rendons à César ce qui est à César, une grande partie de la nullité du film est aussi la responsabilité de Mark Altman, le scénariste, aussi coupable d'avoir commis l'ignoble DOA: Dead or Alive de 2007 3. The House of the Dead, à l'origine, est un rail shooter basique : deux agents spéciaux viennent fouiller un manoir envahi de zombies et font le nettoyage à grands coups de 9mm, Colt Python et autres fusils à pompe fabriqués dans cette belle nation qu'est l'Amérique. À la place, le film nous balance un groupe de jeunes qui explorent une île à la recherche d'une rave party... qui a donc été envahie de zombies. Je concède que le matériau de base n'était pas bien folichon, mais l'adaptation au grand écran méritait mieux qu'un slasher à deux balles sur lequel on a collé quelques plans nichons et un passage avec des flingues en vue à la première personne pour satisfaire les gamerz. Les dialogues n'ont aucun intérêt, les acteurs sont à côté de leurs pompes en permanence 4, on ne s'attache à personne, les personnages crèvent et on s'en fout complètement, les enjeux sont au raz des paquerêttes, pourquoi je regarde ça moi ?
Vous pourriez me rétorquer que c'était évident que House of the Dead aurait une histoire thématiquement un peu légère. Certes, mais parlons de la forme alors. Est-ce qu'à défaut d'être un grand film d'auteur, c'est un petit film de série B valable ? Ben non. Parce que, faut-il le répéter, Boll n'est pas un bon réalisateur. Il ne sait pas réaliser un film correct. Visuellement c'est odieux, c'est moche et ça pique les yeux. Je n'exagère pas, les scènes d'action abusent de ralentis ignobles qui tentent de singer Matrix, des flashs épileptiques cachent la misère des effets spéciaux bâclés sur After Effects, la musique techno explose le crâne au bout de cinq minutes, les transitions entre les scènes sont entrecoupées d'inserts avec des extraits du jeu sans la moindre raison, la lumière est dégueulasse, le montage n'a aucun rythme, il n'y a rien qui va.
Donc voilà, pas de conclusion. Apprenez de mes erreurs, regardez autre chose, n'importe quoi, mais pas House of the Dead. Même pour la blague, il n'y a rien à tirer de ce film, à part une appréciation renouvelée pour les longs-métrages qui n'accumulent pas autant d'erreur dans 90 minutes de pellicule.
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qui a eu non pas une, mais deux suites, comment c'est possible ? Ça restera pour moi un mystère plus grand que celui de la matière noire. ↩
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et donc j'apprends qu'il a aussi eu une suite, que je vais donc devoir regarder, la malédiction ne cessera donc jamais ? ↩
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et encore une adaptation de jeu vidéo, tiens. ↩
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j'ai vu le film deux fois, en VF et en VO, je peux vous garantir que c'est affreux dans les deux langues. ↩