Critique de jeu - We. The Revolution

Voilà un jeu que j'aurais aimé aimer. J'y ai cru pendant plusieurs heures. We. The Revolution nous met dans la peau d'Alexis Fidèle, jeune juge révolutionnaire qui va devoir, au cours des trois actes, condamner ou disculper les citoyens et citoyennes qui ont le malheur de se retrouver sur les bancs de son tribunal. En parallèle, Alexis devra composer avec sa vie de famille mais aussi les avec les troubles politiques de l'époque. En sortant son épingle du jeu et grâce à sa position privilégiée dans l'écosystème parisien, peut-être qu'Alexis parviendra à surmonter les épreuves de la Révolution.

Citoyen, quel est ton gameplay ?

Les séances de procès sont plaisantes à jouer, mêlant investigation et jeux de pouvoirs. L'enquête est simple : il s'agit de relier des éléments du dossier à différentes catégories (mobile, victime, circonstance atténuante, scène de crime…). Ce faisant, on débloque des questions qui permettent d'aiguiller l'interrogatoire et d'influencer le jury. Selon le verdict, différentes factions de la population seront plus ou moins satisfaites. Et attention, à trop déplaire, on se fait des ennemis…

On retrouve dans We. The Revolution des mécanismes éprouvés, à mi-chemin entre Reigns et les jeux d'enquête Sherlock Holmes. La direction artistique est marquée, dans un style géométrique qui personnellement m'a bien plu. Les procès sont en général bien ficelés et mêlent habilement illustres anonymes et figures célèbres, parfois alliées, parfois ennemies. On en vient à pardonner le doublage médiocre des cinématiques, qui sont loin d'être le meilleur de ce que le jeu à a offrir de toute façon.

Jeu principalement narratif, We. The Revolution se prend les pieds dans le tapis dans l'illusion du choix qu'il nous offre. Le scénario, plutôt correct, est assez directif. Les jauges de popularité auprès des différentes factions deviennent de simples ressources stratégiques à optimiser, indépendamment de ce que l'on pense être le « bon » verdict. On acquitte un coupable évident pour flatter les révolutionnaires. On condamne sans preuve pour s'attirer la sympathie du peuple. Frustrant mais cela fait après tout partie de l'expérience de la difficulté à rendre la Justice. Et puis Alexis est un personnage, un vrai, avec des motivations, de l'ambition. Alexis n'est pas un simple substitut du joueur, c'est un protagoniste qui prend des initiatives et met en place ses propres intrigues. Ce qui signifie aussi qu'il faut faire avec quand le juge que l'on essaie d'incarner avec intégrité se révèle être un arriviste sans scrupule. On peut le pardonner, cela rend l'histoire plus épicée.

Oui Ze Déception

Le vrai hold-up arrive dans le dernier tiers du jeu, après six ou sept heures derrière soi. Déjà, il y a une sombre affaire de partie de dés où le jeu triche de façon visible et éhontée. Illusion du choix. Puis vient une longue succession de batailles, avec un gameplay pauvre. Le scénario ralentit, on compte les jours qui nous restent à jouer. Toute agentivité est perdue, on suit ce que l'histoire nous impose, même les procès perdent leur enjeu. Le troisième acte de We. The Revolution est fastidieux, aussi interminable que difficile. La fin est cousue de fil blanc et le soufflé retombe aussi sec.

Bref, We. The Revolution était un jeu plein de promesses mais qui perd sa saveur petit à petit. À abuser des effets de manche, d'illusionisme et des gameplays secondaires, le simulateur de procès haletant du premier acte se mue en un visual novel tiède et frustrant. Une grande déception.

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