Critique de film - Red One

Red One est un blockbuster Amazon au ubdget faramineux de 250 millions de dollars sorti en France juste avant les fêtes de Noël. Je m'attendais à ce que ce soit franchement nul et c'était juste moyen. Sur le papier, c'est sensé être fou : le père Noël (J.K. Simmons) est enlevé et son bras droit (Dwayne Johnson) s'associe avec un mercenaire (Chris Evans) pour retrouver sa trace. Le tout avec un casting secondaire fabuleux (Lucy Liu, Bonnie Hunt, Kristofer Hivju, Mary Elizabeth Ellis, Marc Evan Jackson, Nick Kroll et Kiernan Shipka). Un film d'action à gros budget dans un enrobage de film de Noël, que demande le peuple ?

Évacuons déjà l'éléphant dans la pièce : oui, c'est un scénario de blockbuster, cousu de fil blanc et pétri de bons sentiments. Les gentils sont gentils, les méchants sont méchants, il y a de la bagarre, des punchlines rigolotes et des effets spéciaux en veux-tu en voilà. C'est pas moche mais c'est rarement beau, même s'il y a quelques efforts de direction artistique que j'ai bien apprécié (les bonhommes de neige, Garcia et Krampus en particulier). Le film dure 2h, ce qui est un peu long, la faute à un prologue mollasson qui met 30 minutes à installer une intrigue bête comme chou avec un B-plot sur Chris Evans et son fils.

Un problème majeur, c'est que le buddy movie Dwayne Johnson/Chris Evans s'essouffle rapidement. The Rock est en pilote automatique complet depuis 10 ans (les mauvaises longues diront 20) et nous ressort exactement le même personnage de bourrin au grand cœur qu'à son habitude. Avec un peu d'autodérision, certes, mais complètement factice. Johnson joue quelqu'un qui ne se prend pas au sérieux, plutôt que de l'être. Chris Evans s'en sort plutôt pas mal dans un registre mi-action hero, mi-comique, qui m'a rappelé Ryan Gosling dans The Nice Guys. Malheureusement, en tant qu'outsider au « monde de Noël », il se retrouve généralement cantonné à répéter ce que dit Johnson avec un air surpris pour bien souligner que c'est quand même TROP BIZARRE ces trucs magiques de Noël ! Les dialogues suivent à peu près tous le même schéma et puis Dwayne ne perd jamais, donc on s'ennuie pas mal, même quand ça se tape dessus. On ne peut même pas s'appuyer sur les personnages secondaires qui cumulent chacun même pas cinq minutes de présence à l'écran. Lucy Liu fait du kung fu pendant environ vingt secondes. Quel gâchis.

L'autre souci, de fond cette fois-ci, c'est que le film militarise Noël. Oui oui. Le pôle Nord est une sorte d'Isengard de la production de joujous, fortifiée comme une base de l'US Army. Dans une des premières scènes du film, le père Noël est escorté jusqu'à chez lui par des F-16. Ajoutez à ça un service de sécurité, des connexions à une agence gouvernementale et vous avez un joli glouba-boulga au centre duquel le père Noël est en gros l'équivalent du président américain dans les innombrables films de kidnapping. J'ai été franchement dérangé par cette propagande militariste en filigrane tout le long du film et qui me semble vraiment de mauvais goût en juxtaposition avec un film d'action certes, mais à portée familiale.

Bilan des courses, c'est un 5/10 un peu piteux. C'est un blockbuster pas désagréable à regarder et j'aurais sûrement trouvé ça sympa quand j'avais 11 ans. Néanmoins, ça confirme la trajectoire prise par Dwayne Johnson et signe, hélas, la fin de mon appréciation de cet acteur dont la présence est désormais signe de film sans intérêt.

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